Ma mamie en poévie / Texte de François David ; illustrations d’Elis Wilk

CotCotCot Editions

n.p. – 2017. – 14,50 €   ISBN 978-2-930941-02-8

On le sait, Ma mamie en poévie fut pensé pour le numérique. Avec soin, talent et audace, grâce aux bons soins d’Odile Flament. Le message avait précédé la fable : l'éditrice des éditions CotCotCot voulait réaliser quelque chose autour de la maladie d'Alzheimer. Et pour ce faire, elle n'avait pas hésité à solliciter François David. Le poète éditeur a-t-il hésité à accepter? D'un coté, c'est un amoureux du papier, des livres objets, des réalisations en papier qu'elles soient en 2D ou en 3D. D'un autre côté son parcours nous prouve qu'il se lance volontiers dans l'inconnu et qu'il sait prendre des risques. Bref il a accepté. Et comme il s'agissait d'écrire sur la "différence", il a tenu à écrire un livre "différent". C'est ainsi qu'au lieu de découvrir une vieille dame en fin de vie qui perd la tête, nous écoutons une petite fille admirative devant le tempérament de poète de sa grand-mère. Rappelez-vous l'incipit :"J'ai de la chance./Vraiment beaucoup de chance./Ma mamie, elle est poète./Elle joue avec les mots." Pour illustrer le propos, c'est Els Wilk qui s'est mise au travail. Els Wilk qui sur son blog, se présente ainsi : "mes images habitent les journaux, magazines, sites, livres pour enfants, espaces urbains ou ruraux, là où il y a encore une place pour l'échappée belle". Ici c'est une échappée belle de techniques, de couleurs et d'émotions diverses. 

D'autres talents avaient rejoint l'équipe, notamment Guillaume Lagravière et le Trio Spilliaert pour la réalisation de la bande son. Bref le tout fut peaufiné. Et le livre interactif qui parut en décembre 2016 fut remarqué, admiré et applaudi. 

Bien sûr, il manquait l'odeur du papier, le toucher et la manipulation des pages…

Et voici que surprise, juste une année plus tard, en décembre 2017, Ma mamie en poévie renait sous forme d'album, "imprimé en Europe sur papier Munken issu de forêts gérées durablement". CotCotCot tente l'expérience du livre papier. Le texte est repris intégralement. De même que les images qui se laissent admirer en pleine page. 

Bien entendu, il manque le mouvement et la bande son…

On s'était habitué aux passages du livre papier au livre numérique. Voici que l'inverse se produit. Est-ce que ce renversement pourrait devenir tendance? Le numérique ne se suffirait-il plus à lui-même? Ma mamie en poévie - livre papier - semble éveiller moins de commentaires élogieux que sa version en livre interactif. Comme si inconsciemment, dans le monde des passeurs de livres, on en voulait à l'album de cette "infidélité" que fut son "détour" par le numérique. J'espère me tromper car ce serait dommage et injuste. (Maggy Rayet)