|

Deux secondes en moins

Deux secondes en moins

Partons de la couverture. C'est important une couverture. Surtout en littérature Jeunesse. C'est elle qui fait naître l'envie de se plonger dans les pages. Elle est signée Dorian Danielsen – son nom figure en tout petit au dos du livre – un artiste qui vit à Montréal. Il a utilisé ici du noir, du blanc et du rouge...

Deux secondes en moins / Nancy Guilbert (France) et Marie Colot

Magnard coll. Romans ado

304 p. – 2018 . - ISBN 978-2-210-96524-9

Partons de la couverture. C'est important une couverture. Surtout en littérature Jeunesse. C'est elle qui fait naître l'envie de se plonger dans les pages. Elle est signée Dorian Danielsen – son nom figure en tout petit au dos du livre – un artiste qui vit à Montréal. Il a utilisé ici du noir, du blanc et du rouge. Le rouge porte le titre, laissant deviner la souffrance. Les bandes blanches et noires évoquent le clavier d'un piano. Souffrance et musique unissent en effet les deux narrateurs qui, en alternance, font progresser le récit : Rhéa et Igor, deux jeunes pas encore tout à fait adultes, rescapés chacun d'un grand malheur qui les a laissés comme en marge de la vie. Musiciens tous les deux, ils ne se connaissent pas mais le lecteur devine qu'ils vont au moins faire connaissance et que cette rencontre se fera par le biais de la musique. Après, ce lecteur n'écoutera plus jamais la fantaisie en la mineur pour piano de Schubert sans penser à Rhéa et à Igor. Elle se joue à quatre mains, cette fantaisie. Et le roman, lui aussi, a été écrit à quatre mains, celles de Marie Colot et de Nancy Guilbert. Sans doute, chacune d'elles a pris en charge la voix d'un des narrateurs. Mais comment ont-elles imaginé et fait vivre les autres personnages? Avant tout Fred, ce professeur de musique qui va compter tellement dans ce qui sera une remontée des enfers? Comment ont-elles imaginé ces respirations de douceur et d'humour que constituent par exemple les interventions d'Obama, le perroquet surdoué? Et aussi comment ont-elles émergé de cette complicité. Est-ce que leur écriture s'en est trouvée modifiée?

En tous cas, elles ont évité tous les pièges et réalisé un sans faute. Le mot est galvaudé – surtout en littérature de jeunesse – mais je n'en trouve pas d'autre pour qualifier ce roman : il est bouleversant. (Maggy Rayet)