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Il va pleuvoir

Il va pleuvoir

Dans le monde des professionnels du livre jeunesse, son prénom, dont elle fait avancer les deux "n" à rebrousse-poil, a valeur de signal : chaque nouvel album d'Anne Herbauts fait figure d'événement. Mais quel plaisir d'accompagner de nouveaux lecteurs – de nouvelles lectrices – dans la découverte d'une de ces pépites...

Il va pleuvoir / Anne Herbauts

Casterman coll. Les albums Casterman

n.p. . – 2018 . – 14,95 €   ISBN 978-2-203-15719-4

Dans le monde des professionnels du livre jeunesse, son prénom, dont elle fait avancer les deux "n" à rebrousse-poil, a valeur de signal : chaque nouvel album d'Anne Herbauts fait figure d'événement. Mais quel plaisir d'accompagner de nouveaux lecteurs – de nouvelles lectrices – dans la découverte d'une de ces pépites. Montrez-leur par exemple la couverture de Il va pleuvoir. Quelque chose dans leur regard vous dit qu'ils s'attendent à l'histoire gentillette de deux petits hérissons sous une averse. Mais déjà, sur la page de garde, un exergue les étonne : Qui s'y pique S'y pluie! Et peut-être même que la première double page les déconcerte. Ils contemplent la fumée bleue d'une cheminée qui rejoint un ciel d'orage et de nuages. Et lisent des mots écrits dans une langue et un rythme inhabituels: "Ils disaient que l'orage pouvait arriver, des mers, de la forêt, des montagnes. De là-bas, loin. Que viendraient vents et nuages. Ils disaient, il va pleuvoir". Ensuite leur étonnement se renouvelle à chaque page. Bien sûr c'est l'histoire d'une famille hérisson, avec des adultes prudents et inquiets qui scrutent le ciel, et des petits qui décident de partir avant la pluie. Mais ne vous précipitez pas dans la lecture car l'album contient tant et tant de choses: les enfants qui grandissent et veulent voir ailleurs, les merveilles à découvrir dans cet ailleurs, les menaces qui planent sur ces merveilles, le plaisir des retrouvailles. Il va pleuvoir est l'un de ces albums qui vous font comprendre que tout ne se reçoit pas à la première lecture. (Les enfants le savent bien qui réclament encore et encore le même livre.) En ce qui me concerne, il m'a fallu du temps pour découvrir le mouvement des chiens de faïence sur les pages de garde : d'abord face à face immobiles, ils finissent par joyeusement détaler vers… ailleurs. (Maggy Rayet)