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Ogresse

Ogresse

La jeune Hippolyte a deux copains, Benji et Kouz. De ce dernier – qu'elle connaît depuis l'enfance – elle est secrètement amoureuse. Lola, une jeune fille d'abord moquée et rejetée, ne tarde pas à se rapprocher du trio. Les parents d'Hippolyte – H comme elle préfère qu'on l'appelle – viennent de se séparer. Ce que la jeune fille semble vivre très mal...

Ogresse / Aylin Manço
Sarbacane coll. Exprim’
278 pages . – 2020 . – 16 €   ISBN 978-2-37731-375-4

La jeune Hippolyte a deux copains, Benji et Kouz. De ce dernier – qu'elle connaît depuis l'enfance – elle est secrètement amoureuse. Lola, une jeune fille d'abord moquée et rejetée, ne tarde pas à se rapprocher du trio. Les parents d'Hippolyte – H comme elle préfère qu'on l'appelle – viennent de se séparer. Ce que la jeune fille semble vivre très mal. Si la qualité de l'écriture d'Aylin Manço saute aux yeux dès les premièreS lignes, le "scénario" quant à lui semble s'inscrire dans le schéma d'un grand nombre de romans destinés en priorité aux adolescents. Mais cette impression est vite dépassée. Tout d'abord à cause de l'étrangeté des événements qui vont se produire. Comme le premier est annoncé en toutes lettres sur la 4è de couverture, ce n'est pas incongru d'y revenir : un soir, la mère d'Hippolyte se jette sur sa fille et la mord au bras. Rencontrer une mère ogresse dans un conte – comme c'est le cas par exemple dans la version intégrale de La Belle au Bois dormant – est dans l'ordre des choses. Dans un roman qui n'est pas censé être un roman d'horreur, c'est par contre assez surprenant. D'autant plus que la mère de H est une mère aimante. Et le lecteur de s'interroger : entre amour et dévoration, où est la frontière? Et de comprendre très vite que par le biais d'une succession de métaphores – liées au sang, à la viande et plus généralement à la nourriture – il est invité à entrer dans une histoire d'amour mère fille. Et que le roman tout entier est habité par une opposition alimentation-dévoration. Il ne remarquera peut-être pas dans une première lecture que les titres de la trentaine des courts chapitres sont tous liés à ce qui se mange. Et qu'au fond, l'incipit aurait déjà pu le mettre sur la voie :"Hier soir, Maman m'a fait manger du cœur."
Ecrit sous la direction de Clémentine Beauvais pendant la deuxième année d'un master de création littéraire à l'université du Havre, Ogresse se passe à Bruxelles, ville de naissance d’Aylin Manço. (Maggy Rayet)