À corps parfait / Vinciane Moeschler
Le Muscadier ; coll. Rester vivant
224 p. – 2020. – 13,50€   ISBN 979-10-96935-57-4

C'est peu dire que rien ne rapproche les deux adolescents narrateurs qui interviennent en alternance dans ce roman qui couvre quatre saisons, d'une rentrée scolaire à la suivante. Car si tous deux habitent le même quartier populaire de Paris, ils sont loin de vivre dans le même monde : la mère d’Audrey est grand reporter pour la Télévision et son père multiplie les voyages au bout du monde. Anton, quant à lui, se présente comme un "métissé de partout" avec un père – conducteur de métro – qui vient de Tchéquie et une mère d'origine cubaine. Audrey est une élève brillante qui adore les mots. L'écriture de haïkus, dans laquelle elle excelle, l'accompagne tout au long du livre. Mais que dire des résultats scolaires d’Anton sinon qu'ils sont plutôt désolants, sauf en mathématique? Aussi lorsqu'au premier regard, l'adolescent se déclare "hypnotisé" par Audrey, le lecteur a du mal à imaginer un rapprochement entre ces deux là. Et pourtant c'est ce qui va se passer. Sauf que, dès le départ, on comprend que la demoiselle, si mince, se trouve trop grosse et s'astreint à des régimes de plus en plus sévères. L'anorexie, dans laquelle elle sombre, prend une grande place dans le roman. Et l'acharnement d'Anton à la combattre pourrait même en être le centre. Mais un secret de famille, auquel il est fait allusion à maintes reprises et qui finira par être porté au grand jour, apporte non seulement de la clarté sur les zones d'ombre de l'histoire mais permet aussi de porter un regard empreint d'espoir sur l'avenir. (Maggy Rayet)