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Tous mes cailloux

Tous mes cailloux

Jusqu’il y a peu, les cailloux étaient rares dans les livres d’images. (Bien sûr on ne risque pas d’oublier Jean-Luc et le caillou bleu de Michel Galvin. Ni Rouge, un album de naissance du même créateur. Ni le délicieux Allumette et le gros caillou de Catharina Valckx). Mais en cette année 2021, ils ont manifestement inspiré les créateurs et les éditeurs de chez nous...

Tous mes cailloux / Texte de Françoise Lison-Leroy ; illustrations de Raphaël Decoster (France)
CotCotCot éditions
n.p. – 2021 . – 19,90€   ISBN 978-2-930941-32-5

Jusqu’il y a peu, les cailloux étaient rares dans les livres d’images. (Bien sûr on ne risque pas d’oublier Jean-Luc et le caillou bleu de Michel Galvin. Ni Rouge, un album de naissance du même créateur. Ni le délicieux Allumette et le gros caillou de Catharina Valckx). Mais en cette année 2021, ils ont manifestement inspiré les créateurs et les éditeurs de chez nous. Après Le cercle de Thomas Lavachery chez Esperluète, et Les cailloux d'Anne Herbauts dans la série Martin Minet chez Pastel, voici que parait Tous mes cailloux une œuvre écrite à quatre mains par Françoise Lison-Leroy et Raphaël Decoster. Ce titre inaugure chez CotCotCot Éditions une nouvelle collection – Les carnets – qui se veut « terrain de recherche graphique et poétique ». Dès le premier regard et le premier toucher, on comprend que ce projet est sur la bonne voie. Présence discrète sur le beau papier blanc des pages, les textes de Françoise Lison-Leroy sont ciselés. Des mots simples et concrets, accessibles au jeune lectorat auquel ils s’adressent en priorité ! On devine que cette autrice aime les objets. On sait qu’elle est proche de la terre (avez-vous lu De la terre dans mes poches, paru chez la même éditrice ?) Elle présente ici sa collection de cailloux. Ceux-ci sont musiciens : « Ils murmurent des berceuses/venues de la nuit grondeuse/jusqu’au trèfle du jardin ». D’autres sont costauds, baladins, casse-cou, polissons, ou mariniers !
Raphaël Decoster, quant à lui, était jusqu’à présent inconnu en littérature Jeunesse. Et pour cause : c’est sa première contribution au domaine. Il est un petit peu « de chez nous » ayant étudié le dessin à l’académie de Tournai, puis la gravure à l’académie des Beaux-arts d’Anvers. Pour cette première expérience, il a travaillé au stylo bille et à la gravure sur pierre. Des points, des traits, des lignes tirées à la main ou au cordeau. Du bleu et du rouge qui parfois font naître du violet. Des cailloux de formes diverses à qui il arrive de devenir coquillages. La sempiternelle question vient d’emblée à l’esprit devant cette rencontre entre texte et images : comment l’album est-il né ? Grâce à une interview de Pascal Goffaux enregistrée pour la RTBF, on apprend qu’un texte est venu d’abord, suivi d’un premier projet d’illustration. Ensuite mots et dessins ont évolué en symbiose. Ce que nous avons entre les mains est donc un véritable album dont chaque lecteur (à partir de sept ans, conseille Odile Flament) peut s’emparer. Comme le suggèrent les derniers mots du texte : « A toi de faire ricocher/tant de cailloux singuliers ». Faisons confiance. Quand on est enfant – sourit Françoise Lison-Leroy – « on est plus près du sol, il n’y a pas un mètre cinquante qui nous sépare de la terre ». (Maggy Rayet)