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Nino

Nino

Avant tout, on est captivé par les pages de garde : l’artiste nous entraine d’emblée en pleine forêt, un de ses lieux de prédilection ! Une forêt d’hiver où la lumière s’acharne à trouver son chemin. On devine que ces troncs droit ou tordus, tantôt hospitaliers, tantôt inquiétants, serviront de cadre à l’histoire. L’instant d’après, nous voici dans un chemin creux. Papa et Maman, la tête en l’air, regardent les arbres...

Nino / Texte et illustrations d’Anne Brouillard
Les Éditions des Éléphants
n.p. – 2021 . – 14€   ISBN 978-2-37273-107-2

Avant tout, on est captivé par les pages de garde : l’artiste nous entraine d’emblée en pleine forêt, un de ses lieux de prédilection ! Une forêt d’hiver où la lumière s’acharne à trouver son chemin. On devine que ces troncs droit ou tordus, tantôt hospitaliers, tantôt inquiétants, serviront de cadre à l’histoire.
L’instant d’après, nous voici dans un chemin creux. Papa et Maman, la tête en l’air, regardent les arbres. Dans sa poussette, Simon dort profondément. Mais Nino, son doudou, ne dort pas. Sans que personne ne le remarque il glisse de la poussette, tombe et se retrouve bientôt tout seul au beau milieu du chemin, sur un tapis de feuilles mortes. Un doudou qui tombe d’une poussette, c’est un accident fréquent. Mais dans ce cas-ci, quand la famille à sa recherche repasse au même endroit le lendemain, Nino ne semble guère avoir bougé. « Il n’est même pas mouillé !» dit Maman, étonnée. Mais le lecteur, lui, sait bien que pendant ces quelques heures, Nino a vécu plein de choses extraordinaires : Lapin l’a invité à prendre le thé, Écureuil lui a fait visiter sa maison haut perchée, les mésanges noires l’ont amené sur les plus hautes branches pour contempler le panorama… Et à la nuit tombée, Renard l’a même emmené faire le tour de la forêt !
Anne Brouillard n’a pas son pareil pour faire communiquer entre eux les humains, les animaux et même les doudous. Pour elle, le réel et l’imaginaire coexistent tout naturellement. On retrouve ici le plaisir qu’elle éprouve à dessiner de douillets intérieurs, fleurant bon le thé fumant et la pâtisserie sortant du four. On retrouve son immense capacité à jouer avec l’ombre et la lumière à toutes les heures du jour et de la nuit. On retrouve aussi son besoin de marcher, de voyager, de multiplier les points de vue.
Nino est une pépite, un bijou paisible, un temps de grâce. Une pause précieuse pour l’artiste avant de retrouver peut-être sa grande saga du pays des Chintiens. (Maggy Rayet)