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Sans modération(s)

Sans modération(s)

De temps à autre, on apprend qu’un texte, une image ou une vidéo a été « retiré » d’Instagram, de Facebook, ou d’un autre réseau social. Même si cette opération est aidée par l’intelligence artificielle, ce ne sont pas des robots mais bien des humains, des travailleurs –souvent surqualifiés – qui effectuent ce travail de « modération ». Leur contrat stipule qu’ils ne peuvent révéler à personne leur véritable métier, consistant à visionner, dans des endroits tenus secrets, des contenus qui peuvent être d’une violence insoutenable...

Sans modération(s) / Azilys Tanneau (France)
Lansman ; coll. Théâtre à vif
68 p. – 2022 . – 11€   ISBN 978-2-8071-0338-2

De temps à autre, on apprend qu’un texte, une image ou une vidéo a été « retiré » d’Instagram, de Facebook, ou d’un autre réseau social. Même si cette opération est aidée par l’intelligence artificielle, ce ne sont pas des robots mais bien des humains, des travailleurs –souvent surqualifiés – qui effectuent ce travail de « modération ». Leur contrat stipule qu’ils ne peuvent révéler à personne leur véritable métier, consistant à visionner, dans des endroits tenus secrets, des contenus qui peuvent être d’une violence insoutenable. Ce métier, difficile à supporter dans la durée, provoque même, chez la plupart de ceux et celles qui l’exercent, des conséquences psychologiques. En règle générale, la gestion de ces « modérateurs » est confiée par les directions des réseaux à des firmes sous-traitantes.
Dans Sans modération(s), nous pénétrons dans cet univers confidentiel grâce au regard d’une journaliste. Cette dernière a réussi à interviewer discrètement les collègues d’une modératrice ayant « pèté les plombs » et agressé le Créateur, un fondateur de réseau manifestement dépassé par le succès de son entreprise.
Une fois de plus on ne peut que rendre hommage au travail de prospection mené inlassablement par Lansman Editeur. Il s’agit ici d’un texte lauréat 2021 des Journées de Lyon des auteurs de théâtre. On constate une fois de plus que les textes théâtraux s’emparent souvent de thèmes essentiels de la vie d’aujourd’hui, ignorés ou peu présents dans le reste de la production éditoriale Jeunesse.  (Maggy Rayet)