|

Henri dans l’île

Henri dans l’île

Dès la parution de Bjorn le Morphir, premier roman de Thomas Lavachery, il était clair qu’un écrivain était né. (Le temps passant, le romancier s’est révélé un dessinateur de talent et un auteur illustrateur d’albums Jeunesse). Et de Bjorn dans la neige à Henri sur son île, que de chemin parcouru dans la maitrise du métier de romancier ! De même d’ailleurs que dans celui de plasticien : il suffit pour s’en convaincre de découvrir ici le cahier central – et la couverture – réalisé à la plume et aux encres de couleurs...

Henri dans l’île / Thomas Lavachery
L’école des loisirs ; coll. Medium
240 p. – 2022 . – 12,50€   ISBN 978-2-21131564-7

Dès la parution de Bjorn le Morphir, premier roman de Thomas Lavachery, il était clair qu’un écrivain était né. (Le temps passant, le romancier s’est révélé un dessinateur de talent et un auteur illustrateur d’albums Jeunesse). Et de Bjorn dans la neige à Henri sur son île, que de chemin parcouru dans la maitrise du métier de romancier ! De même d’ailleurs que dans celui de plasticien : il suffit pour s’en convaincre de découvrir ici le cahier central – et la couverture – réalisé à la plume et aux encres de couleurs. Thomas Lavachery nous propose cette fois une robinsonnade. Ou, plus précisément, « sa » robinsonnade ! Car le texte est imprégné de préoccupations qui lui sont chères depuis l’enfance : un intérêt documenté pour la nature et une complicité chaleureuse avec le monde animal. Dans un premier temps, on plonge, sans reprendre haleine, dans ces pages décrivant la survie, sur une île au large de la nouvelle Zélande, du seul rescapé du naufrage d’une goélette. Bien plus tard, on s’interroge : l’éditeur nous présente ce livre comme un roman, mais les faits y sont énoncés avec une telle précision – comme cette date du naufrage fixée la nuit du 6 au 7 décembre 1887 – qu’il semble refléter la réalité. Serions-nous entrainés dans un roman historique ? Si l’on cède à la tentation de rechercher sur le net la trace d’un lieu ou d’un personnage, mal nous en prend et l’on en émerge avec la sensation d’avoir été entraîné sur de fausses pistes. Car c’est en vain qu’on cherchera une goélette du nom de Nugget. C’est en vain qu’on cherchera les îles Désolation, Richards et Litke figurant sur une carte dressée par le naufragé lui-même. Quant à Henri Malden (c’est le nom du naufragé) il a bien existé mais à une toute autre époque. De même que Betty Sinclair, la jeune femme qui accepte tout à la fin de l’histoire de retranscrire ses aventures. Sur le Net, j’ai même lu une présentation de Henri dans l’île par un critique (complètement déboussolé) affirmant que le roman racontait la vie du grand-père de l’auteur. Henri Lavachery – à qui le roman est dédicacé – participa en effet à une expédition franco-belge dans l’Océan Pacifique. Mais, comme son petit-fils le rappelle, c’était de 1934 à 1935, vers l’île de Pâques. Et sans aucun naufrage ! (Maggy Rayet)