Granlarge et Loncour / texte d’André Borbé ; illustrations de couverture de Marion Sonet
Alice jeunesse ; coll. Deuzio
192 p. – 2022 . – 13€   ISBN 978-2-87426-481-8

L’univers de ce roman fantastique se réduit à une île, que l’on devine balayée par les vents, portant en son centre un pic escarpé. Au nord, un chapelet de récifs lui fait comme une mâchoire. C’est une carte judicieusement placée à la première page qui nous éclaire. Elle situe les lieux dits, les sites et les villages qu’on sera amené à découvrir. On apprendra plus tard qu’un instituteur parcourt ce territoire exigu dans un wagon-classe pour enseigner ici et là selon les saisons, que sur l’ile on se chauffe aux briques de varech, que des cartevents – étranges oiseaux à bec orange – y font office d’agents postaux. On fait la connaissance du héros de l’histoire juste avant qu’il ne quitte ses sœurs et sa mère pour un long voyage. Il se prénomme Léon Louis, mais pour ses proches c’est Tzoutzi, sous prétexte qu’il est petit. Il part pour montrer qu’il est grand et par goût de l’aventure, mais avant tout pour honorer une promesse faite à son père, Lucien Loncour, juste avant qu’il ne meure : chercher la trace de Gaspard Granlarge, son ami d’enfance avec qui il s’est brouillé et lui transmettre un message où il est question d’un bateau. Granlarge et Loncour, c’est donc le récit d’un voyage initiatique, l’histoire d’une amitié qu’un malentendu a brisée et l’histoire d’un bateau. Un bateau volant ! On le voit sur la couverture mais jusqu’à la fin son mystère restera entier. Pendant son voyage, Tzoutzi va faire d’étonnantes rencontres, notamment celle de Baz, le tatoueur bègue, celle de La Fabuleuse, une magicienne et surtout celle de Rose, une petite fille attachante.

L’ensemble du travail d’André Borbé est tourné vers la jeunesse. On connait avant tout son talent de compositeur et d’interprète. Mais, comme dans ses activités musicales, le texte tient une grande place, on n’est pas étonné de découvrir ici son amour des mots, de leur choix, de leur agencement et de leurs sonorités. Le roman est publié dans la collection Deuzio destinée en principe à des enfants de 9 à 13 ans. La subtilité du récit, la qualité de l’intrigue, la richesse de son imaginaire inciteraient à proposer : « à partir de 9 ans » ! (Maggy Rayet)