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Le Netsuke

Le Netsuke

Devant un roman à la première personne, on est souvent amené à s’interroger sur le lien entre le narrateur et l’auteur. Ici, il semble y avoir tellement de points communs entre Thomas Lavachery et Jacques Mellery, son narrateur, qu’on pourrait conclure un peu rapidement que l’un est le décalque de l’autre. (Lavacherie et Mellery étaient jadis deux villages wallons à part entière avant la fusion des communes, petit clin d’œil ?). On aurait tort car Le Netsuke n’est pas un roman autobiographique...

Le Netsuke / Thomas Lavachery
Esperluète
192 p. – 2022 . – 22€   ISBN 978-2-35984-157-2

Devant un roman à la première personne, on est souvent amené à s’interroger sur le lien entre le narrateur et l’auteur. Ici, il semble y avoir tellement de points communs entre Thomas Lavachery et Jacques Mellery, son narrateur, qu’on pourrait conclure un peu rapidement que l’un est le décalque de l’autre. (Lavacherie et Mellery étaient jadis deux villages wallons à part entière avant la fusion des communes, petit clin d’œil ?). On aurait tort car Le Netsuke n’est pas un roman autobiographique. Si c’est cela que l’on cherche, mieux vaut se tourner vers Itatinémaux où l’auteur se raconte à travers sa passion pour les animaux. Publié jadis chez Aden, ce texte est à présent repris à l’école des loisirs sous le titre Un zoo à soi.

Le Netsuke est un roman tout court qui raconte une adolescence – Jacques Mellery a 16 ans au début des années 80. Mais ce qui est sûr, c’est que cette adolescence est contemporaine de celle de l’auteur et que, de la première à la dernière page, le récit mélange souvenirs et invention. L’auteur brouille les pistes avec compétence et habileté. Et comme il l’annonce lui-même, dans ce roman « tout est inventé et tout est vrai ». Un peu comme dans un jeu du chat et de la souris. Quand le parcours de Jacques se rapproche dangereusement de celui de Thomas, un événement, une information – ce n’est parfois qu’un détail – rétablit la distance. Même si, dans les derniers chapitres, le narrateur emprunte un chemin très proche de celui de l’auteur : ses études supérieures, son travail dans le cinéma, ses films documentaires…. Et que le narrateur se montre aussi passionné que l’auteur par l’écriture et la lecture. (Petite mise en abîme : Jacques fait lire à « sa première lectrice » une nouvelle reprenant le synopsis de ce qui sera Henri dans l’île).
Une telle maitrise dans l’intrication – voire la manipulation – du vrai et du faux, fait de ce court roman une véritable petite leçon de littérature !
Quant au choix du titre, Le Netsuke, chaque lecteur l’expliquera à sa manière. Mais toujours est-il que grâce à Sylvie Dodeller (et à sa plaquette Thomas Lavachery, écrivain au long cours, publiée à l’école des loisirs) nous savons que la première pièce de la collection très éclectique que constitua le grand-père de Thomas, Henri Lavachery « l’homme de Pâques », fut un netsuke japonais … (Maggy Rayet)