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On peut inviter quelqu’un ?

On peut inviter quelqu’un ?

Véronique Komai, dans ses trois premiers albums publiés chez Pastel à L’école des loisirs, a créé un univers bien à elle, s’appuyant plus particulièrement sur un graphisme original. Son dernier livre, On peut inviter quelqu’un ?, paru cette fois sous l’enseigne belge À pas de loups, ne déroge pas à la règle.

 

Bruxelloise, Véronique Komai a été institutrice dans une école maternelle pendant vingt ans. Passionnée par les voyages et les îles, elle a vécu durant un certain temps à Tokyo avec ses filles. Elle en a ramené un goût prononcé pour les papiers japonais qui apparaissent dans sa technique de prédilection : les papiers découpés...

On peut inviter quelqu’un ?/ Véronique Komai
À pas de loups
n.p. - 2022. - 16,50€   ISBN : 9782930787855

Véronique Komai, dans ses trois premiers albums publiés chez Pastel à L’école des loisirs, a créé un univers bien à elle, s’appuyant plus particulièrement sur un graphisme original. Son dernier livre, On peut inviter quelqu’un ?, paru cette fois sous l’enseigne belge À pas de loups, ne déroge pas à la règle.

Bruxelloise, Véronique Komai a été institutrice dans une école maternelle pendant vingt ans. Passionnée par les voyages et les îles, elle a vécu durant un certain temps à Tokyo avec ses filles. Elle en a ramené un goût prononcé pour les papiers japonais qui apparaissent dans sa technique de prédilection : les papiers découpés. Sa maîtrise de la technique lui permet d’apporter du mouvement à des personnages et des décors aux formes géométriques joyeusement colorées. Le tout judicieusement placé dans l’espace-page. Comme dans un des albums précédents, Les trois chiens, elle met en scène… trois chiens qui ressemblent furieusement à nous les humains.

Dès le saut du lit, Timini n’a qu’une envie : inviter quelqu’un à la maison ! Mezzor et Maximus, que nous imaginons être la mère et le père sans que cela ne soit explicitement dit sauf qu’ils appellent le chiot « mon Timini chéri, mon mignon, mon cœur de beurre, notre petiot », ne prêtent qu’une oreille distraite à sa demande. À moins que celle-ci ne tombe tout bonnement à vide au milieu des bruits du quotidien de la famille. Cela nous vaut une succession de scènes autour d’un sèche-cheveux, d’un aspirateur ou d’une télé qui sentent le vécu. Timini, contrarié, manifeste sa déception en bougonnant. « Dis donc, toi, est-ce que ce ne serait pas une journée ‘grognon-non-non’ aujourd’hui ? », lui rétorquent les aînés.

Mezzor et Maximus, que l’on devine bienveillants, demandent alors à Timini de pouvoir jouer avec lui. La deuxième partie de l’album bascule dans une jolie ritournelle de « On dit qu’on est ». Et les voilà partis dans un heureux délire où ils incarnent de joyeux musiciens, des super danseurs, des gros scarabées, des éléphants affamés, des artistes peintres qui repeignent tous les galets du jardin… Timini ne cache pas sa joie et démarre au quart de tour, jusqu’au moment où son imagination déborde celle de ses deux parents lorsqu’il peint une énorme pomme verte digne de Magritte sur… le mur de la cuisine. Si le père est médusé, la mère minimise et se lance dans une nouvelle fantaisie : celle d’égrener leurs desserts préférés dans un autre jeu, celui de listes. Et si le mur, au final, est couvert de desserts, Timini lui n’en a pas renoncé à son idée de départ : inviter quelqu’un ! Comme tout enfant qui ne renonce à aucune de ses envies. Bien vu.

Le récit est truffé de détails amusants comme le petit doudou en observateur discret mais aux mimiques bien typées, les décors et les habits, les petites queues en mouvement des chiens et jusqu’à la page de garde finale qui reprend une palette de galets peints du plus bel effet avec quelques allusions aux images du livre. Un album qui met en scène la joie de vivre, l’amour, la générosité, la créativité et les pouvoirs de l’imagination. (Michel Torrekens)

(Critique parue initialement dans le blog du Carnet et les Instants)