|

113 raisons d'espérer

113 raisons d'espérer

Marie Colot publie un nouvel opus dans la collection « La brève » chez Magnard jeunesse, caractérisée par des textes courts disponibles dans un format à lire et à écouter. Nous découvrons ici le jeune Noé, 14 ans, écrasé par un monde trop angoissant pour lui. Conscient de la grave crise climatique dans laquelle nous sommes plongés, il rédige des listes pour se donner l’illusion de tenir les drames à distance...

113 raisons d’espérer / Marie Colot
Magnard jeunesse, coll. La brève
77 p. - 2022 . - 8,90 € / ePub : 6,49 €   ISBN : 978-2-2109-7473-9

Marie Colot publie un nouvel opus dans la collection « La brève » chez Magnard jeunesse, caractérisée par des textes courts disponibles dans un format à lire et à écouter. Nous découvrons ici le jeune Noé, 14 ans, écrasé par un monde trop angoissant pour lui. Conscient de la grave crise climatique dans laquelle nous sommes plongés, il rédige des listes pour se donner l’illusion de tenir les drames à distance.

Empêtré dans une forme de torpeur à cause de la sixième extinction de masse, il est horrifié face à son frère Louis qui vit sa vie d’adolescent insouciant et ses parents qui ont décidé d’avoir un nouvel enfant. Il se sent bien seul avec ses peurs, s’isole de plus en plus de ce qu’il considère comme l’inconscience humaine, il est qualifié de sensible et de pessimiste. Le voilà figé dans un piège dont il ne voit pas l’issue, ce qui rend la communication avec lui parfois difficile tellement le sujet le tient à cœur.

J’en ai marre de ces remarques insupportables. Il me rappelle sans cesse que je suis « trop » émotif, qu’il faut arrêter de broyer du noir et profiter de la vie. Il prétend qu’il suffit de penser à autre chose… Pour lui et les autres, c’est facile. Ils sont tellement occupés par leur petite vie qu’ils ne se rendent compte de rien.

Le point de vue de Noé prend du relief lorsque son amie Rachel lui offre un « Carnet d’émerveillement ». Il cherche par hasard des bonnes nouvelles sur la toile et en découvre une multitude à sa plus grande surprise. Il se produit alors un déclic : lui aussi doit agir à sa mesure, mais une mise en mouvement n’est pas simple quand on se croit insignifiant et incapable d’avoir un quelconque impact sur un défi aussi ambitieux…

Dans 113 raisons d’espérer, Marie Colot nous offre une histoire courte écrite dans un style fluide qui ne présente aucune difficulté de lecture pour le jeune public. L’histoire se focalise sur l’importance des petits pas dans l’engagement pour une cause, mais aussi de la nécessité d’affiner un point vue quelque peu manichéen. Parfois, la seule possibilité d’action est d’accomplir des petits gestes au quotidien et cela n’empêche pas de savourer l’instant présent afin de pouvoir affronter les défis de demain.

Je ne lui précise pas que mes angoisses débarquent toujours et qu’elles ne disparaîtront pas, puisque les hommes continuent de courir à leur perte. À la place, je m’excuse :
– Je suis désolé d’avoir été agressif et ronchon ces derniers temps. Surtout d’avoir râlé à propos de ta grossesse et de votre envie d’avoir un bébé.
– Un monde où on n’a plus d’enfants est un monde qui meurt, Noé. Tu nous as souvent traités d’inconscients, et tu avais en partie raison. Je crois, de mon côté, que c’est tout aussi inconscient de ne plus rien espérer des autres et de la vie. L’imagination et la lucidité sont indispensables pour s’adapter, et les humains prouvent régulièrement qu’ils en sont capables. Ils se relèvent des guerres, des ouragans, des séismes et des pandémies. Pourquoi échoueraient-ils cette fois ?
Un déluge de contre-exemples et de chiffres surgit dans ma tête et y reste. Je préfère pourtant profiter de l’instant. Ma mère sourit. Grâce à moi.


113 raisons d’espérer est une histoire qui nous insuffle une petite bouffée d’air frais et donne des ailes au colibri tapi en chacun de nous. (Séverine Radoux)

(Critique parue précédemment dans le blog du Carnet et les Instants)