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Bonhomme

Bonhomme

« Douceur », « délicatesse », « sensibilité », « tendresse » sont des mots associés aux albums de Claude K. Dubois. À juste titre, évidemment. L’artiste elle-même répète volontiers qu’elle « adore parler de la tendresse à ses lecteurs, quel que soit leur âge »...

Bonhomme /Texte de Sara V. ; illustrations de Claude K. Dubois
Pastel, l’école des loisirs
n.p. – 2017 . – 11,50 €   ISBN 978-2-211-228435

« Douceur », « délicatesse », « sensibilité », « tendresse » sont des mots associés aux albums de Claude K. Dubois. À juste titre, évidemment. L’artiste elle-même répète volontiers qu’elle « adore parler de la tendresse à ses lecteurs, quel que soit leur âge ». Mais il ne faudrait pas pour autant passer sous silence la force, la gravité, voire l’humour qui émane de son travail. Il est vrai que le plus souvent, elle observe les comportements et les émotions des petits au sein d’un univers protégé. Jusqu’il y a peu, elle ne s’était guère aventurée en dehors de ce cocon douillet. Et rappelez-vous l’étonnement – étonnement plein d’admiration – que suscita en 2015 la publication d’Akim court qui reçut le soutien d’Amnesty International. Même si l’auteure illustratrice raconte avec énormément de discrétion, on comprend bien que le petit Akim est confronté à la violence voire à la mort dans un pays en guerre. Et voici que paraît Bonhomme. Cette fois c’est Sarah V. qui écrit le texte. Un texte discret qui parfois laisse le lecteur seul avec l’image. Tout commence un petit matin pluvieux par une scène de réveil dans une chambre d’enfant. Suivie d’une scène de départ pour l’école : une petite fille avec un adulte – probablement une maman. Sans transition l’image suivante dévoile une autre scène de réveil. Celui de Bonhomme qui a dormi dans la rue. Pas à pas, page après page, aquarelle après aquarelle, c’est la journée de Bonhomme que le lecteur va découvrir. La faim. Le froid. La fatigue. L’indifférence des passants. Les souvenirs. Les rejets. Un peu de chaleur quand même grâce à un trajet en bus. Et puis tout à coup, n’est-ce pas la petite fille du matin qui est dessinée là ? N’est-ce pas elle qui marche derrière Bonhomme? N’est-ce pas elle qui va à sa rencontre et qui lui dit qu’il ressemble à un nounours ? N’est-ce pas un peu grâce à elle que le vieil homme accepte de continuer à exister malgré tout ? Il y a de la violence dans Bonhomme, celle que subissent les pauvres au sein de la société. Et néanmoins, comme dans Akim court, Claude K. Dubois réussit à l’évoquer avec douceur et tendresse. (Maggy Rayet)