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Bulldozer

Bulldozer

Depuis 1950, Detroit a perdu la moitié de sa population. Cette ville, la plus grande de l’État du Michigan, en déclin économique depuis des décennies, a même fini par être déclarée en faillite ! Des quartiers entiers ont ensuite été voués à la démolition et leurs habitants menacés d’expulsion. Une ville nouvelle se dessine à présent qui risque de n’être peuplée que de nantis majoritairement blancs...

Bulldozer / Texte d’Aliénor Debrocq ; illustrations d’Evelyne Mary (France)
CotCotCot éditions ; coll. Combat
76 p. – 2022 . – 13,50€   ISBN 978-2-930941-39-4

Depuis 1950, Detroit a perdu la moitié de sa population. Cette ville, la plus grande de l’État du Michigan, en déclin économique depuis des décennies, a même fini par être déclarée en faillite ! Des quartiers entiers ont ensuite été voués à la démolition et leurs habitants menacés d’expulsion. Une ville nouvelle se dessine à présent qui risque de n’être peuplée que de nantis majoritairement blancs.
L’histoire de Detroit a intrigué et passionné Aliénor Debrocq. À tel point qu’elle a décidé d’écrire une fiction qui aurait pour cadre l’ancienne capitale de l’automobile. Cette auteure de romans et de nouvelles qui enseigne la littérature dans nos écoles d’art, est aussi journaliste : le travail d’investigation, elle maîtrise ! Sa narratrice – on ne connaitra pas son prénom – est une jeune adolescente. Sa mère a quitté l’Europe pour venir étudier aux États-Unis, son père, un natif de l’endroit, fut ingénieur dans l’industrie automobile. Elle a une toute petite sœur. Un matin, ses parents reçoivent une lettre d’expulsion. En réaction, une manifestation est organisée avec les voisins, le jour de la fête du travail. Malgré le retentissement que connait cet acte de résistance, un bulldozer fait son apparition quelques mois plus tard. C’est alors qu’une nuit, en grand secret, notre jeune narratrice et son ami Jimmy imaginent une action originale : un acte de vandalisme pas bien méchant qui – s’il ne sauve pas la situation – provoque un énorme rire dans tout le quartier !
À remarquer les linogravures d’Evelyne Mary, « habitées » notamment par le fameux nain rouge, ce lutin annonciateur de catastrophes qui hanterait la ville de Detroit. Quant à la postface documentaire, elle est particulièrement bienvenue et éclairante. (On pourrait en déduire qu’ici la fiction est destinée à des jeunes et la postface à des adultes. Mais, plus satisfaisante serait la suggestion d’une lecture « inter âges » propice à l’échange et à la discussion.) La collection Combat n’en est qu’à son deuxième numéro. Laissons-lui le temps de s’installer à l’aise, sans précipitation. En notant toutefois que l’appel au talent d’auteurs et d’autrices n’ayant jamais ou très rarement travaillé en « Jeunesse » semble être une piste pleine de promesses ! (Maggy Rayet)