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L’île aux deux crabes

L’île aux deux crabes

Il y a bien longtemps, les animaux vivaient tout nus. Autrement dit, ils n’avaient ni plumes ni fourrure ni écailles. C’est du moins ce qu’affirme la légende traditionnelle kanak dont s’inspire L’île aux deux crabes. Une très vielle dame – qui possédait certains pouvoirs – décida de les « habiller ». Tous et toutes répondirent à l’appel sauf Petit-Bernard et Grosse-Pince, deux jeunes arthropodes vaguement cousins...

L’île aux deux crabes / Texte de Sylvain Alzial ; illustrations de Loïc Gaume
Versant sud
n.p. – 2021 . – 14,50€   ISBN 978-2-930938-40-0

Il y a bien longtemps, les animaux vivaient tout nus. Autrement dit, ils n’avaient ni plumes ni fourrure ni écailles. C’est du moins ce qu’affirme la légende traditionnelle kanak dont s’inspire L’île aux deux crabes. Une très vielle dame – qui possédait certains pouvoirs – décida de les « habiller ». Tous et toutes répondirent à l’appel sauf Petit-Bernard et Grosse-Pince, deux jeunes arthropodes vaguement cousins. Ces deux jeunes-là étaient têtus et insouciants : la vieille dame mourut sans qu’ils aient changé d’avis. Bien mal leur en prit, diront certains. Pas si sûr que les descendants de nos deux marginaux regrettent l’entêtement de leurs aïeux. Peut-être est-il bien commode pour un bernard-l’ermite de squatter une nouvelle coquille au fur et à mesure de sa croissance. Et peut-être n’est-ce pas la honte de se promener tout nu qui incite celui que l’on nomme le crabe de cocotier à se nourrir la nuit…
C’est sur proposition de Sylvain Alzial, l’auteur du célèbre Panthera Tigris, que ce livre a vu le jour. Passionné par les cultures traditionnelles ce documentaliste à Radio-France est aussi un « adaptateur » de contes. (Versant sud a eu la bonne idée de transcrire en tête de l’album quelques précisions sur l’origine de celui-ci). Les illustrations auraient pu classiquement s’inspirer des merveilles de la culture kanak. Loïc Gaume – illustrateur, graphiste et aussi auteur – a préféré chercher à rendre le côté cyclique et universel de l’histoire grâce à des dessins dépouillés exprimant l’essentiel. Comme souvent il a travaillé à la plume de métal et à l’encre de chine. Avec un petit nombre de couleurs et dans une échelle inférieure à celle de l’impression finale. Quelle belle idée que cette forme tout en rondeur que l’on retrouve dès la couverture, dont le statut, le sens et la couleur varie à chaque page : une île rouge brique qui devient manteau violet, fourrure grise, carapace verte…
Bref, une fois de plus Versant Sud nous fait découvrir un album innovant. (Maggy Rayet)