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Petits poèmes pour y aller

Petits poèmes pour y aller

Carl Norac affirmait jadis dans un sourire que son père – Pierre Coran – écrivait de la poésie pour les petits et de la prose pour les grands, alors que lui, c’était l’inverse. Mais depuis une dizaine d’années, à côté de ses albums, de ses contes musicaux, de ses spectacles de marionnettes, on n’est guère étonné de trouver dans son œuvre des poèmes qui parlent directement aux enfants. Songeons notamment aux Petits Poèmes pour passer le temps, paru en 2009 chez Didier dont Kitty Crowther signait les illustrations....

Petits poèmes pour y aller / Texte de Carl Norac ; illustrations d’Anne Herbauts
Pastel,l’école des loisirs
122 p ; - 2022 . – 18€   ISBN 978-2-211-31684-2

Carl Norac affirmait jadis dans un sourire que son père – Pierre Coran – écrivait de la poésie pour les petits et de la prose pour les grands, alors que lui, c’était l’inverse. Mais depuis une dizaine d’années, à côté de ses albums, de ses contes musicaux, de ses spectacles de marionnettes, on n’est guère étonné de trouver dans son œuvre des poèmes qui parlent directement aux enfants. Songeons notamment aux Petits Poèmes pour passer le temps, paru en 2009 chez Didier dont Kitty Crowther signait les illustrations.
Voici que parait un nouveau recueil de poèmes à la facture particulièrement soignée : couverture cartonnée, beau papier, et signet de soie, il est imprimé en Belgique. Sa renommée a dépassé largement le cadre éditorial « Jeunesse » auquel en principe il était destiné au départ. Il faut dire que ses signataires sont des stars. Carl Norac vient de passer ces deux dernières années sous les feux de l’actualité en tant que poète national. Quant à Anne Herbauts, elle a reçu en 2021 le Grand Prix triennal de littérature jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le résultat est une sorte de voyage long d’une septantaine de chapitres. La couverture l’annonce sans ambiguïté : Anne nous montre Carl marchant d’un bon pas, l’écharpe au vent. A l’intérieur, ce plaisir de la marche apparaît quasi à chaque page : « Ma nature est de marcher / sans aller nulle part, / et au bout d’un moment / c’est comme si je me rencontrais soudain ». Plus loin « Si tu vas au bord d’un arbre / et si tu penses qu’il te voit, / ne sois pas trop sage : / n’hésite pas à lui parler de voyage. ». Et à la fin quand il définit un poème : « c’est un aller qui part sans retour / pour voir de quoi le monde est fait ».
Anne Herbauts se fait rare en tant qu’illustratrice des mots des autres. Moins de dix fois dans toute son œuvre. Et même ici on ne peut pas dire qu’elle illustre un poème après un autre. Non ! Avant tout elle observe le poète, l’accompagne dans son parcours, depuis le moment où il noue les lacets de ses bottines pour être prêt « à y aller ». Elle le suit dans des pays lointains ou dans des rencontres imaginaires. Avec oiseaux, escargots et papillons. Parfois même elle l’abandonne pour suivre son propre chemin. Mais bien sûr à la fin, après que soit terminé le « dernier poème pour y aller », c’est au bord de la mer, pieds nus sur la plage – on sait que le poète vit à présent à Ostende – que le livre se ferme. La page de garde de fin est différente de celle du début. Ce qui est normal après une telle expédition ! (Maggy Rayet)