|

La dame aux 40 chats

La dame aux 40 chats

En signant « Ludovic Flamant & Mathilde Brosset », les auteurs n’ont-ils pas voulu mettre l’accent sur la complicité qui a présidé à leur travail ? En tous cas, on a bien envie d’embrasser d’un seul regard le texte et l’image. En entrant dans l’album comme on s’assied au théâtre. Le rouge des pages de garde, tel un rideau de scène, nous y invite d’ailleurs. Ensuite le décor se dévoile. Un appartement aux murs vert pâle et aux châssis vert vif...

La dame aux 40 chats / texte de Ludovic Flamant ; illustrations de Mathilde Brosset
Pastel, l’école des loisirs
n.p. - 2022 . - 14,50€   ISBN 978-2-211-30814-4

En signant « Ludovic Flamant & Mathilde Brosset », les auteurs n’ont-ils pas voulu mettre l’accent sur la complicité qui a présidé à leur travail ? En tous cas, on a bien envie d’embrasser d’un seul regard le texte et l’image. En entrant dans l’album comme on s’assied au théâtre. Le rouge des pages de garde, tel un rideau de scène, nous y invite d’ailleurs. Ensuite le décor se dévoile. Un appartement aux murs vert pâle et aux châssis vert vif. À part une chaise, verte elle aussi, les rares accessoires – meubles, banc, porte-manteau, même la porte – sont rouges. Assise sur une chaise, une dame, en rouge elle aussi, a l’air bien seule. Elle a les yeux fermés. Les mots disent qu’elle rêve et que dans ce rêve, elle imagine un chat. Pas n’importe lequel : un chat parfait ! Pour le décrire, les mots se font musique. Ce qui n’est guère étonnant, l’auteur étant non seulement écrivain et conteur, mais aussi poète. Écoutez ce n’est qu’un extrait : « Elle le souhaitait ronronnant/comme une machine à café, /une tache sur l’oreille. / Rapide et ondulant, un peu pataud parfois, /joueur, indépendant… » Bref, un chat parfait on vous dit. Quand la dame en rouge ouvre les yeux, il y a un chat devant la porte. Il a les yeux verts et brillants, il lui manque la tache à l’oreille ! Mais la dame n’a pas le temps d’être déçue. Voici qu’un autre félin fait son entrée. Suivi d’un autre. D’un autre encore… Un défilé ininterrompu de chats, de toutes les couleurs, de tous les genres et sans doute de tous les âges ! À la fin, s’ils ne sont pas quarante, ils sont tout de même beaucoup. Chacun d’eux laisse ses chaussures sous le banc, possède au moins une qualité et apporte quelque chose. Les mots n’en disent pas plus. Mais les images – où les collages font merveille – prennent le relais et s’en donnent à cœur joie. La maison se remplit d’objets, de couleurs, de mouvements et même de sons. Et la dame en rouge est à présent sereine. On arrive à la dernière page. Le livre se ferme. Et comme de juste on le retourne pour le reprendre au début. C’est le moment d’observer la couverture que, dans la précipitation, on avait négligée : dans l’encadrement de la porte de rue ouverte, une dame en rouge, souriante, semble attendre. Et on comprend que cet album parle d’accueil. L’accueil, source de bruit, de fatigue, de désordre. Mais avant tout de partage, de bien être, de chaleur… et de fête aussi ! (Maggy Rayet)