|

Esquisses pour la terre

Esquisses pour la terre

Un album qu’on peut tout d’abord feuilleter (après s’être émerveillé devant la beauté de l’objet et la finition astucieuse de sa reliure) en se laissant happer par le chatoiement des aquarelles. Double page après double page, les illustrations chantent tout ce qui pousse – feuilles, fleurs, arbres, champs, forêts – et même tout ce qui semble inerte, comme les cailloux et la poussière des chemins. Jusqu’aux odeurs que l’artiste arrive à capter et transmettre ! Quant aux mots, même s’ils se font discrets sur le blanc des pages, ils empruntent les mêmes « longueurs d’ondes »...

Esquisses pour la terre / Valérie Linder (France)
Esperluète
n.p. – 2022 . – 19,50€   ISBN 978-2-35984-156-5

Un album qu’on peut tout d’abord feuilleter (après s’être émerveillé devant la beauté de l’objet et la finition astucieuse de sa reliure) en se laissant happer par le chatoiement des aquarelles. Double page après double page, les illustrations chantent tout ce qui pousse – feuilles, fleurs, arbres, champs, forêts – et même tout ce qui semble inerte, comme les cailloux et la poussière des chemins. Jusqu’aux odeurs que l’artiste arrive à capter et transmettre ! Quant aux mots, même s’ils se font discrets sur le blanc des pages, ils empruntent les mêmes « longueurs d’ondes ». Ils accompagnent, invitent à découvrir. Insistants, ils interpellent et parlent à un « tu » qui pourrait être chacun, chacune de nous : « pieds nus/tu es sortie/tu as touché la terre/étonnée ». À cet appel, on a envie de répondre, d’entrer dans l’image, de rejoindre ceux et celles qui s’y trouvent déjà. Car les humains ne sont pas absents de ces pages : dessinés aux crayons de couleurs, presque transparents, ils sont comme absorbés dans le paysage.
Le mot esquisses du titre nous a déconcertés un instant. Et pourtant il évoque l’essentiel, « ce qui vient d’abord ». En découvrant des esquisses dans un carnet, n’a-t-on pas souvent le sentiment de se trouver devant autant de promesses, de beautés à venir ? « de ces carrés entre les allées/ nous faisons/ une petit monde mouvant/ rouge, vert, orangé/délicieux/au temps des récoltes ». Valérie Linder qui aime travailler en complicité avec les poètes, se retrouve ici seule à la barre. Comme beaucoup d’artistes d’aujourd’hui, elle a plusieurs cordes à son arc, partageant son temps entre son travail de plasticienne, d’illustratrice, d’autrice, d’enseignante et même d’éditrice… après une formation d’architecte d’intérieur ! Elle qui est française – elle vit et travaille dans la région de Nantes – est volontiers sollicitée chez nous : Esquisses pour la terre est son dixième titre publié chez esperluète qui, on le sait, est une maison dénicheuse de talents. Et CotCotCot, qui en est une autre, a fait appel à cette artiste pour illustrer Idylle, un texte d’Agnès Domergue. (Maggy Rayet)