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La femme qui attendait un enfant à aimer et l’homme qui attendait un garçon

La femme qui attendait un enfant à aimer et l’homme qui attendait un garçon

Vous avez deviné que ce titre annonce un conte. D’où vient-il ? Du pays Bamiléké à l’ouest du Cameroun, un pays où est né Alain Serge Dzotap, l’auteur de l’album. Cet écrivain spécialisé dans la littérature pour enfants écrit des histoires, des poèmes, des articles et anime des ateliers d’écriture et de lecture. Un exergue nous en dit plus sur l’origine du texte : « À Jérôme Ledoux Fouotsa par qui ce conte est arrivé jusqu’à moi ». Jérôme Ledoux Fouotsa est en effet l’auteur d’un ouvrage sur Les contes et légendes Bamiléké...

La femme qui attendait un enfant à aimer et l’homme qui attendait un garçon / Texte d’Alain Serge Dzotap (Cameroun) ; illustrations d’Anne-Catherine De Boel
Pastel, l’école des loisirs
n.p. – 2022 . – 14,50€   ISBN 978-2-211-31080-2

Vous avez deviné que ce titre annonce un conte. D’où vient-il ? Du pays Bamiléké à l’ouest du Cameroun, un pays où est né Alain Serge Dzotap, l’auteur de l’album. Cet écrivain spécialisé dans la littérature pour enfants écrit des histoires, des poèmes, des articles et anime des ateliers d’écriture et de lecture. Un exergue nous en dit plus sur l’origine du texte : « À Jérôme Ledoux Fouotsa par qui ce conte est arrivé jusqu’à moi ». Jérôme Ledoux Fouotsa est en effet l’auteur d’un ouvrage sur Les contes et légendes Bamiléké.
« Les uns affirment que ce conte a commencé avant les premières pluies. / Les autres soutiennent qu’il avait le même âge que le ventre rond/ de la femme qui attendait depuis des lunes un enfant à aimer ». Ce sont quasi les premiers mots de La femme qui attendait un enfant à aimer et l’homme qui attendait un garçon. On s’attend à un drame. Et c’est bien à un drame que l’on va assister.
Avant de partir travailler dans ses champs, le temps d’une lunaison, l’homme a mis sa femme en garde : si l’enfant qui naît est une fille, il lui faudra la tuer ! La femme accouche de jumeaux : un garçon et une fille qu’elle nomme respectivement Œil-de-soleil et Poumon-de-mon-cœur. Elle ne tue évidemment pas sa fille. Au retour de l’homme, elle la cache dans le grenier. Mais quand l’homme la découvre, il ne se laisse pas attendrir et la jette dans le torrent. Sauvée in extremis, la petite est recueillie par un couple qui voulait un enfant à aimer. Le temps passe, la petite fille grandit, elle se nomme à présent Petite Perle. Et voici que l’homme, son père biologique – conscient que sa grande beauté peut être monnayée, vient la réclamer…

Certains adultes seront décontenancés par la violence de cette histoire présentée en littérature Jeunesse. Une violence pourtant loin d’être exceptionnelle dans le champ du conte. (Une marâtre commandite le meurtre de sa belle-fille Blanche-Neige ; Le petit Poucet et ses frères sont abandonnés en pleine forêt par leurs parents ; Cendrillon est le souffre-douleur de toute la famille…) Dans son livre Le langage des contes, Elzbieta rappelle que les parents des contes sont souvent des êtres catastrophiques « mais cela ne dérange personne, car, de toute évidence, ce n’est pas le propos de l’histoire. La question posée est, en gros, comment l’enfant du conte – le héros auquel il s’identifie – va-t-il agir pour sortir de ce guêpier ? »
On ne vous dévoilera pas ici la fin du conte camerounais. Mais soyez assurés que Petite Perle s’en est fort bien sortie !

Que ce soit à Anne-Catherine De Boel qu’on ait demandé d’illustrer cette histoire pour en faire un album somptueux, allait de soi. Cette illustratrice talentueuse éprouve un grand amour pour l’Afrique et ses cultures. Et en plus elle connait bien le Cameroun, pour y avoir vécu avec sa famille pendant plusieurs années. (Maggy Rayet)