La licorne au Far West / texte de Coralie Saudo ; illustrations de Marion Piffaretti
Casterman
n.p. – 2022 . – 12,90€   ISBN 978-2-203-23704-9

Depuis plus d’un siècle, la licorne est une figure récurrente des récits de fantasy et des histoires féériques. (Ainsi Lewis Carroll a-t-il introduit une licorne dans la liste des personnages qu’Alice découvre de l’autre côté du miroir. !) Mais au fil des ans, le grand cheval blanc à la corne unique au milieu du front, s’est peu à peu affadi. Mattei s’en est emparé par exemple pour peupler l’univers de sa Barbie. Et comme, selon la grammaire, la licorne est sans discussion possible un personnage féminin – il en va de même notamment pour la grenouille et la souris – la licorne Barbie est dotée des gadgets que l’on attribue d’habitude aux demoiselles – crinière affriolante, rubans et petites étoiles.
C’est une licorne Barbie que l’on découvre ici. Du moins au début de l’histoire. Car très vite, notre héroïne en a plus qu’assez de la vie qu’on lui fait mener dans un parc d’attractions genre Plotsaland. Les strass, les paillettes et les bandes d’enfants surexcités, elle n’en veut plus. Elle s’enfuit donc et débarque au Far West – univers masculin par définition – devant une offre d’emploi qui vaut son pesant de clichés : « vieux cowboy recherche étalon, rapide comme l’éclair, habile comme un singe, rusé comme un renard ». Et pour faire quoi ? Pour veiller sur des vaches et faire du rodéo bien sûr ! Notre licorne s’inscrit, est prise à l’essai et réussit toutes les épreuves. (Son passé dans les strass et les paillettes lui a quand même apporté une sacrée expérience). Discrète allusion au genre : elle s’appelait Plume d’Etoile, elle se prénomme à présent Joey. Le texte nous assure qu’elle est épanouie et qu’elle sourit à la vie. Espérons qu’elle aura aussi appris à ne pas se laisser exploiter. Car, en plus des vaches et du rodéo, elle devra s’occuper le week-end des petits enfants du vieux cow-boy ! (Maggy Rayet)