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Dagobert

Dagobert

Chaque album d’Anne Herbauts forme un tout, prenant en compte, non seulement les mots et les images, mais aussi le support lui-même : format, reliure, papier, couverture… Celui-ci est carré et se manipule dans tous les sens. (Ce qui ravira les plus petits des lecteurs à qui il arrive de tenir un livre « à l’envers » et d’y découvrir des choses passionnantes.) Si la couverture vient de vous faire connaître le titre et l’éditeur, une rotation de 180 degrés vous apprendra le nom de l’autrice, en vous offrant le sourire de Dagobert, le héros de l’histoire...

Dagobert / Texte et illustrations d'Anne Herbauts
Casterman
n.p. – 2022 . - 15,90 €   ISBN 978-2-203-24374-3

Chaque album d’Anne Herbauts forme un tout, prenant en compte, non seulement les mots et les images, mais aussi le support lui-même : format, reliure, papier, couverture… Celui-ci est carré et se manipule dans tous les sens. (Ce qui ravira les plus petits des lecteurs à qui il arrive de tenir un livre « à l’envers » et d’y découvrir des choses passionnantes.) Si la couverture vient de vous faire connaître le titre et l’éditeur, une rotation de 180 degrés vous apprendra le nom de l’autrice, en vous offrant le sourire de Dagobert, le héros de l’histoire. Les pages de garde rappellent en six huit l’air de la fameuse comptine qui porte son nom et qu’il aime entendre chanter. Car ici aussi Dagobert est un roi. Bon, pas comme l’autre sans doute. Mais un roi chauve- souris. Ce n’est donc pas sa culotte qui est à l’envers, mais bien sa tête. Et par conséquent il ne porte ni couronne ni chapeau « car ça ne tient pas, un chapeau, quand on vit tête en bas, pieds en haut ! » Le souci c’est qu’entre ce roi et les autres, persistait comme un malentendu : tous, qu’ils soient oiseaux ou souris, trouvaient que Dagobert avait, en permanence, l’air fâché. Alors que ce roi, heureux et bienveillant, ne cessait de sourire à la vie. Mais, tout seul, il ne pouvait pas se rendre compte de ce que devient un sourire quand on vit la tête en bas. Heureusement que Pipistrelle, une reine voisine en vacances, débarqua à point nommé pour le lui expliquer. Anne Herbauts ne semble par contredire cette charmante chauve-souris. Elle prend même soin d’affirmer en tête de l’album que « La pipistrelle a toujours raison ». Et elle ajoute « Et l’opossum aussi ». Cet opossum ne peut être que celui du génial Frank Tashlin qui, en 1950 avait publié L’opossum qui avait l’air triste. Il vivait heureux dans sa forêt natale, ce petit opossum, souriant la tête en bas, la queue enroulée autour d’une branche. Jusqu’à ce qu’un quatuor d’humains, assez obtus et retour de pique-nique, décidant qu’il avait l’air triste, prit la décision de l’aider – ou plutôt de le forcer – à retrouver son sourire ! Si les humains furent applaudis, fêtés et même médaillés pour cet acte de « bravoure », l’opossum lui, faillit y perdre pour toujours sa bonne humeur. Heureusement que, de retour dans sa forêt, il finit par décider que tout ça n’était qu’un mauvais rêve ! A la fin de son histoire, la tête tantôt à l’endroit tantôt à l’envers, notre bon roi Dagobert est heureux lui aussi. Il a enfin compris que, de temps à autre, il était important de changer de point de vue et de se mettre à la place de ses sujets. Et ceci grâce à la perspicacité de la reine Pipistrelle, concluant avant de rentrer chez elle : « Il faut regarder les choses de tous les côtés avant de juger ».  (Maggy Rayet)