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La ville sans vent : La malédiction miroir T1

La ville sans vent : La malédiction miroir T1

La ville sans vent est un diptyque en fantasy publié chez Hachette romans en 2020, mais insuffisamment mis en valeur lors de sa sortie pendant la crise sanitaire. La parution du tome 1 au Livre de Poche est une belle occasion de se pencher sur ce récit destiné à un public à partir de 12 ans, qui ne manquera toutefois pas de plaire à un public adulte féru du genre.

Dans cette histoire, nous plongeons dans Hyperborée, une ville imprenable grâce à ses murs magiques d’adamante, mais où les inégalités sociales sont scellées à travers une division de la cité en 7 niveaux...

La ville sans vent : La malédiction miroir (tome 1) / Éléonore Devillepoix
Le Livre de Poche,
Paris, 2022, 532p., 8,90€, ISBN 9782017202349

La ville sans vent est un diptyque en fantasy publié chez Hachette romans en 2020, mais insuffisamment mis en valeur lors de sa sortie pendant la crise sanitaire. La parution du tome 1 au Livre de Poche est une belle occasion de se pencher sur ce récit destiné à un public à partir de 12 ans, qui ne manquera toutefois pas de plaire à un public adulte féru du genre.

Dans cette histoire, nous plongeons dans Hyperborée, une ville imprenable grâce à ses murs magiques d’adamante, mais où les inégalités sociales sont scellées à travers une division de la cité en 7 niveaux.
Les 2 personnages principaux sont Lastyanax et Arka. Le premier est un jeune homme de 19 ans très intelligent et d’origine modeste qui vient de passer avec brio l’ultime épreuve afin de devenir mage. De son côté, Arka est une orpheline de 13 ans qui a grandi parmi les Amazones en Arcadie et qui vient de quitter la ville de Napoca décimée par la guerre. Elle espère trouver refuge à Hyperborée où elle tentera de retrouver son père mage qu’elle n’a jamais connu.
Arrivée dans la ville sans vent, Arka se débrouille pour être sélectionnée comme disciple lors de la séance d’Attribution. Après avoir passé 3 épreuves difficiles, elle devient la disciple de Lastyanax promu Ministre du Nivellement – l’équivalent chez nous du Ministre de l’Égalité des chances - suite au décès mystérieux de son ancien mentor Palatès.
Arka et Lastyanax n’ont guère envie de travailler ensemble, leur seule priorité est pour l’une de retrouver son père, pour l’autre d’élucider la mort suspecte de son mentor. Déjà au fait des manigances politiques des mages pour servir leurs propres intérêts, Lastyanax se rend peu à peu compte qu’Hyperborée est en danger : elle est convoitée par Lycurgue, le souverain de Thémiscyra, qui renforce progressivement son alliance avec Hyperborée pour décupler sa puissance et s’opposer au peuple des Amazones. Lastyanax est très inquiet, c’est que Lycurgue a déjà assiégé une ville alliée…
L’étau se resserre lorsque 2 autres mages sont assassinés et quand, suite à une machination ourdie par un mystérieux stratège qui tire les ficelles dans les coulisses, Arka tue par accident le Basileus, le souverain d’Hyperborée, révélant ipso facto son origine princière insoupçonnée. Il y a plus ou moins un siècle et demi, le peuple des Amazones a effectivement tué toute la progéniture du Basileus qui, pour se venger, les a condamnées à une malédiction, mais a été par la même occasion contraint de se l’infliger à lui-même : cette malédiction miroir veut que chaque personne qui en soit frappée soit tuée par sa descendance. Or, Arka est la fille d’une guerrière et d’un des fils du Basileus…
Lors d’un procès volontairement bâclé, Arka est la personne idéale pour être accusée du triple meurtre des mages et du Basileus avec pour prétexte la vieille haine entre les Amazones et le Souverain. Elle est condamnée à la mort capitale avec Lastyanax, reconnu coupable de complicité. Le temps presse pour démasquer les manœuvres de Lycurgue qui se présente comme le libérateur de la ville avec une belle ingéniosité.

Dans La ville sans vent, Éléonore Devillepoix nous donne à lire un récit polyphonique où les points de vue des protagonistes et les nombreuses actions confèrent un rythme haletant à cette histoire écrite dans un style fluide bien travaillé, lui conférant une belle qualité littéraire. Derrière son imagination débordante où elle nous émerveille avec la magie que recèle la cité, l’autrice nous donne à lire une satire politique mordante où elle pointe du doigt les stratégies des politiciens et chefs de guerre afin d’exacerber leur ego et rassasier leur soif de pouvoir. Ces derniers ne sont jamais critiqués ou diabolisés, les conséquences iniques de leurs actes sur les petites gens sont mises en valeur, ce qui rend habilement les hommes de pouvoir détestables et rappelle par la même occasion l’importance et la fragilité de la démocratie.

À la fin du tome 1, Hyperborée est sur le point de s’effondrer. Or, « c’est dans les moments de crise qu’il faut repenser la politique ». Le jeu de cartes pourra-t-il être rebattu dans cette course contre la montre ? C’est à cette question que le tome 2 répondra. (Séverine Radoux)