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L’histoire très belle et très sombre de Bartafuite

L’histoire très belle et très sombre de Bartafuite

Bartafuite, le géant aux mains velues, alias Bartaf, est en fuite. Celui qui parle s’est lancé « à sa suite comme sa suite à sa poursuite derrière sa fuite pour savoir la suite. » La fugue de Bartaf démarre dans la nuit et Bartaf pleure. A la faveur d’un rayon de lune, il pénètre dans un cimetière et lit minutieusement chaque stèle, marquée derrière chaque nom des mêmes chiffres intrigants : 02.47...

L’histoire très belle et très sombre de Bartafuite / Texte de Thierry Lefèvre

Lansman Editeur (Collection Théâtre pour la Jeunesse Wallonie-Bruxelles, n°26)

69p. – 2023 - 10€   ISBN 978-2-8071-0369-6

Bartafuite, le géant aux mains velues, alias Bartaf, est en fuite. Celui qui parle s’est lancé « à sa suite comme sa suite à sa poursuite derrière sa fuite pour savoir la suite. » La fugue de Bartaf démarre dans la nuit et Bartaf pleure. A la faveur d’un rayon de lune, il pénètre dans un cimetière et lit minutieusement chaque stèle, marquée derrière chaque nom des mêmes chiffres intrigants : 02.47. Un rayon de lune se retrouve dans une de ses poches, un ange de pierre décolle d’une tombe et se pose sur une de ses épaules. Le mystère s’épaissit autour de Bartaf. D’autant qu’il reçoit une mission de la lune. Avec le jour, poursuivi et poursuivant arrivent dans un village où apparaît un Enfnant, non pas un enfant, mais un Enfnant qui se joint à Bartaf. La poursuite reprend jusqu’à un château noir, puis un volcan d’où jaillit une lumière blanche car, au fond du gouffre, une femme emboîte les pièces d’un puzzle de verre. Le conteur rejoint finalement Bardaf dans son étrange cheminement dans le lit asséché d’un torrent, un désert, sur une plage morte. 

L’expédition se poursuit avec une même explosion d’images inattendues, de visions, qui se succèdent comme dans un rêve. Il y a sous la plume de Thierry Lefèvre l’esquisse de tableaux qui nous font penser à Magritte, Delvaux voire Wim Delvoye. Un univers visuel parfois surréaliste mais aussi une musique de mots qui fait tout le sel de ce conte avec jeux de répétitions, allitérations en nombre, lignes courtes et césures, oxymores (« Je traçai la piste pistai la trace »), interpellations des spectateurs et spectatrices notamment quand l’Enfnant disparaît momentanément, mots de vocabulaire recherchés pour leur sonorité comme jourd’hui, besson, viduité, bifide, languides, cardia, afaubretti, anagramme de… Bartafuite ! Le tout accompagné de quatorze propositions graphiques de Julie Michaud. Un long monologue, un texte onirique et poétique qui emporte par sa musicalité : on ne s’étonne guère que, lors de sa création en août 2002 dans le cadre des Rencontres de Théâtre jeune public, Thierry Lefèvre qui l’interpréta se fit accompagner par Pieter Vandaele au violoncelle. (Michel Torrekens – journaliste au Ligueur)