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À l’école des oisillons

À l’école des oisillons

Quel est le point commun entre un rhododendron et un cornichon ? Ce sont des végétaux, c’est vrai. Ils pourraient terminer les vers d’un poème sur un jardin extraordinaire, parce qu’ils riment en « on ». Ce sont surtout deux mots qui vibrent dans la bouche de Radija, Radis pour les intimes, même si elle n’en connaît pas forcément leur signification, une belle oiselle qui aime passer du temps en solitaire, dans son univers. « Pour autant, elle ne se sent jamais vraiment seule...

À l’école des oisillons / Texte d’Emmanuel Bergounioux ; illustrations d’Aurélie Fayt
Casterman ; collection Les albums Casterman
n.p. – 2023 . - 14,90€   ISBN 978-2-203-23988-3

Quel est le point commun entre un rhododendron et un cornichon ? Ce sont des végétaux, c’est vrai. Ils pourraient terminer les vers d’un poème sur un jardin extraordinaire, parce qu’ils riment en « on ». Ce sont surtout deux mots qui vibrent dans la bouche de Radija, Radis pour les intimes, même si elle n’en connaît pas forcément leur signification, une belle oiselle qui aime passer du temps en solitaire, dans son univers. « Pour autant, elle ne se sent jamais vraiment seule. Car Radija vit dans son monde : un monde peuplé de jolis mots et de drôles d’histoire qu’elle dit tout haut. » « Rhododendron », elle le fait résonner sur le chemin de l’école, lors de son premier jour en maternelle. Elle redoute vraiment ce changement fait de nouvelles personnes, d’activités inconnues, d’horaires imposés, alors « elle gesticule comme une nouille qu’on aspire », c’est plus fort qu’elle. Même si la classe a l’air chouette avec ses murs peints et ses fenêtres donnant sur « deux grands arbres en fleurs qui lui rappellent le parc, ça lui met du baume au cœur », et que la maîtresse Lison la met à l’aise immédiatement, cette journée qui n’en est qu’à son commencement lui semble interminable. Alors, quand ses parents partent, même si elle retient ses larmes, sa tristesse est quand même là, « elle a bien caché son chagrin dans le creux de ses mains… ». C’est à ce moment qu’elle dégaine son « Cornichon », pour se donner du courage, comme quand mamie tente de retenir son parapluie emporté par le vent.

La première journée d’école, quelle aventure ! On rencontre des camarades (comme René Pompidou, autoproclamé « Patate », qui adore parler et un peu fanfaronner), on apprend des chansons, on dessine avec « ses doigts [qui] s’agitent comme un mille-pattes en fuite », on mange (ou pas) à la cantine dirigée par un Dragon, on fait une sieste sous l’œil bienveillant de l’empereur Hiboubakar, on crée des fruits et légumes biscornus en pâte à modeler, on joue au Troubadour, on cherche sa place « ni trop près, ni trop loin », à son rythme. Et on se rend compte que la journée a filé à une vitesse folle et que, tout compte fait, c’était même plutôt amusant. Ça se passe comme ça, À l’école des oisillons, un album-bonbon qui donne le sourire. Les illustrations d’Aurélie Fayt, foisonnantes, colorées, inventives, fourmillantes, remplies d’animaux sympathiques et de végétaux enveloppants amusent l’œil et possèdent un je-ne-sais-quoi de rassurant. Elles répondent à merveille au texte d’Emmanuel Bergounioux, pétri des mêmes inventivité et drôlerie, qui dédramatise l’événement en narrant étape par étape ce jour souvent redouté, pouvant pourtant augurer de magnifiques choses. C’est l’expérience de notre héroïne : « Radija aime bien l’école, finalement. Parce que l’on peut y devenir soi-même. Vivement demain ! » Un livre à lire et à relire avant toute rentrée scolaire. (Samia Hammami)